RENCONTRE AVEC PAULINE, CÉRAMISTE

13/11/2016

interview pauline georgeault ceramiste

La rencontre avec Pauline s’est déroulée dans l’atelier qu’elle occupe dans le 5ème. Elle vient juste d’investir les lieux. Son atelier occupe un bel espace le long du boulevard Saint Marcel avec ses belles baies vitrées qui invitent à lui rendre visite. C’est ici qu’elle crée ses objets du quotidien, des luminaires, des sculptures. Pauline est céramiste. Elle exposera au salon Ob’art organisé par Ateliers d’Art de France qui aura lieu du 18 au 20 novembre à l’Espace Blancs Manteaux à Paris. Pour connaître un peu mieux son travail, je lui ai posé quelques questions.

Voici ma rencontre avec elle.

As – tu toujours exercé le métier de céramiste ?

Non, avant j’étais graphiste. C’est moi qui suis derrière les étiquettes, packaging, premier site internet, et autres, de Cire Trudon.

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Comment es-tu passée du métier de graphiste à ce métier très manuel ? Comment es – tu devenue créatrice ?

Même si il y a énormément de choses qui me plaisaient dans le métier de graphiste, j’y étais un peu par défaut. C’était un compromis que j’avais trouvé pour me rapprocher de l’art tout en ayant un « vrai » métier. On ne peut cependant pas se mentir ad vitam et on peut difficilement continuer à passer ses journées devant un ordinateur quand celui-ci nous semble être un phagocyte. J’ai toujours fait de la peinture, du dessin, du modelage et de la sculpture à côté de mes études et de mon travail, c’était un besoin vital. Mais je n’avais pas trouvé le sens que je voulais lui donner… jusqu’au jour où je me suis tournée par curiosité vers la céramique pour pouvoir associer le dessin, la couleur et la terre. La rencontre fût une évidence! J’aime les beaux arts, mais j’ai aussi grandi dans les arts décoratifs. Ma grand-mère collectionnait les objets, notamment les Longwy. J’adorais quand ma mère m’emmenait dans les ventes aux enchères d’objets quand j’étais petite. Mes musées préférés sont souvent ceux qui associent arts et arts décoratifs. J’aime le beau, j’aime les objets, j’aime le beau au quotidien. J’aime l’idée que mes dessins et modelages viennent sublimer et transformer une surface plane, et que chaque objet soit parfaitement unique pour que quelqu’un puisse chercher le sien, se l’acheter avec amour, et l’utiliser au quotidien avec plaisir. … pour ceux qui n’ont pas passé le cap: achetez-vous une tasse unique que vous avez choisi, une lampe, un bol… vous verrez que votre café sera dix fois meilleur, votre lumière plus belle, votre soupe plus douce…

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Comment procèdes-tu dans la création? Tu dessines d’abord ?

Je ne pré-dessine pas toutes mes compositions. mais j’ai déjà travaillé et fait évoluer mes recherches de motifs au préalable sur papier. Après, je commence une gravure ou un modelage avec déjà une idée de ce que je veux obtenir, mais la contrainte du support est différente de celle du papier, et un trait ou un forme offrent souvent des surprises in situ que je guette et que je développe. Cette surprise guide en partie ma créativité.

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Tu travailles majoritairement la porcelaine, au four électrique, peux-tu nous rappeler les étapes du processus d’un objet ?

La ville ne permet pas d’avoir un four à bois ou à gaz. Mais le four électrique est parfaitement approprié à ma création, peut-être même mieux qu’un four à bois ou gaz.  Le processus de création d’un objet est très long et aussi très variable en fonction de l’objet. Il peut y avoir de grosses contraintes techniques auxquelles il faut penser en amont. Il faut aussi faire des tests de matières, de couleurs, de rendu au préalable. Si on résume les étapes de réalisation basiques, il y a : la création de la forme (tournage, moulage, modelage…), la décoration (mais elle a lieu parfois aussi après la première et deuxième cuisson), le séchage, la première cuisson à 980°, le ponçage, le nettoyage, l’émaillage, la deuxième cuisson à 1280°, le reponçage sur certaines parties de la pièce et la recuisson éventuelle pour amélioration ou passage en petit feu…

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Quel univers cherches – tu à construire au travers de ton travail ?

Je ne cherche pas à construire quelque chose; j’exprime juste mon univers poétique et j’invite les gens à la poésie au quotidien.

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Te considères-tu comme artisan ou artiste ?

Un peintre est un artisan. C’est une personne qui exprime sont univers sur une toile que des gens achèteront car ils ont été touchés par sa toile, et ils la mettront chez eux pour profiter des qualités plastiques, esthétiques et expressives de sa peinture. Un artisan d’art est un artiste. Il crée une pièce, de mobilier par exemple, mais d’une telle précision dans la beauté du matériau, dans le travail de la forme, d’une telle créativité dans la forme… que c’est une œuvre d’art en soit. La différence de notion entre artiste et artisan est assez contemporaine. Je me sens artiste-artisan. J’ai choisi l’objet utilitaire comme support pour mes dessins et modelages. Je n’ai pas une démarche de simple création d’objets utilitaires à la chaine. Je me sens tout du moins artisan d’art, mais je fais aussi des sculptures. Aujourd’hui beaucoup de gens qui viennent des beaux arts se mettent aussi à la céramique… Pourquoi les pots de Marlène Mocquet seraient-ils plus des œuvres d’art que les pots uniques de Nani Champy ou des miens? Vaste question…

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Sur certaines pièces tu travailles avec des moules, que t’apporte cette technique par rapport à la technique plus traditionnelle qu’est le tournage ?

Je crée aussi des pièces très géométriques. Lorsque j’utilise du grès, je tourne et je déforme la pièce. Mais la porcelaine est une terre capricieuse et précieuse qui ne se laisse pas traiter de la même façon, et la seule façon de garder une grande finesse avec de la géométrie et l’utilisation d’un moule.

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Quelles sont tes sources d’inspirations, des artistes que tu aimes dans des domaines différents ?

J’ai derrière moi 35 ans de source d’inspiration et de nourriture visuelle et plastique quotidienne. Il y a des choses ou des artistes que j’aime plus que d’autres mais je ne pourrais pas dire qu’ils sont nécessairement mon inspiration directe car mon travail n’a rien à voir avec le leur. Je crois que ma création est aujourd’hui un mélange de tout ce que j’ai vu et vécu et que j’ai intégré sans nécessairement m’en rendre compte.

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Où pourra t-on trouver / acheter tes pièces ?

J’ai souvent des expositions temporaires, donc vous pouvez suivre les actualités sur mon site. Sinon vous pouvez toujours trouvez mes pièces dans mon atelier-boutique au 16 boulevard Saint Marcel, 75005 Paris, ou dans une petit boutique de créateur à Rennes, Bianina, qui a une sélection magnifique. J’ai actuellement un corner « jeune créateur » dans le nouveau concept store des Ateliers d’art de France « Empreintes » (aussi à voir absolument!) dans le Marais, et dans une petite Galerie, l’Escalier, à Brumath en Alsace.

Quels sont tes derniers voyages ?

J’ai beaucoup voyagé à travers le monde. J’ai aussi vécu à l’étranger. Aujourd’hui j’essaie de découvrir un peu plus la France et ses merveilles sauvages (Bretagne, Cévennes, Nord….). Mais je rêve encore d’aller faire un grand tour en Asie (Japon, Chine, Corée) pour pouvoir échanger avec leurs artistes contemporains et céramistes que j’apprécie beaucoup.

Des bonnes adresses à Paris ou ailleurs à nous révéler ?

Paris est truffé de bonnes adresses, c’est pour ça que malgré tous mes voyages, je reviens toujours à Paris. Je dirais qu’il y en a trop pour faire une liste. Si je dois en sortir une en ce moment c’est « Empreintes » qui est le lieu que les artisans d’art attendaient. j’ai hâte de voir se changer régulièrement la sélection pour admirer les créations diverses de mes collègues (mobilier, textile, sculpture, objets improbables aux matières bien choisies). Et je recommande encore aux gens d’aller voir le musée des arts décoratifs que je trouve encore trop peu visité alors qu’il présente des sélections contemporaines entre arts, design, artisanat d’art, très belles et qui permettent de rafraichir le regard sur la modernité de créations plus anciennes…

salon ob’art 2016

Paris | du 18 au 20 novembre
Espace des Blancs Manteaux
48 rue Vieille du Temple – 75004 Paris

Métro Saint Paul ou Rambuteau

Vendredi 18 novembre :
15h – 19h
Samedi 19 novembre :
10h – 20h
Dimanche 20 novembre :
10h – 19h

Voici le lien pour télécharger les e-invitations http://www.salon-obart.com/informations-pratiques/

Pauline Georgeault

  Article en collaboration avec Ateliers d’Art de France

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Beautées. Merci de les avoir si bien capturées!

Son travail est splendide, belle inspiration!
Merci pour la découverte <3

Merci !!!

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